mercredi 9 décembre 2009

J'ai lu pour vous : "Partager le sommeil de son enfant", de Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau

Elliott, trois mois, super téteur de jour comme de nuit, a pris le pli de dormir... contre moi, le plus naturellement du monde. On a commencé à la maternité, autant pour se réchauffer que pour faciliter l'allaitement, et on a continué tranquillement, de retour à la maison, car c'était le meilleur moyen pour moi de me reposer : j'étais tout de suite là pour répondre à ses besoins (alimentaires, essentiellement), donc pas de cris inutiles au milieu de la nuit, au risque de réveiller toute la maison, pas de course effrénée dans les escaliers, au risque de louper une marche, pas de baby-phone à balader en permanence dans un rayon de 30 mètres, au risque de capter le réseau de celui des voisins (si si, j'vous jure, c'est possible : ça m'est déjà arrivé).

Aujourd'hui encore, à presque trois mois, Elliott fait ses siestes dans mes bras (ou dans l'écharpe), et dort le nez collé contre ma peau. Le seul changement que j'y ai vu, c'est qu'il est passé de "sur moi" à "contre moi" - ce qui, vu de l'extérieur, n'est rien, mais de mon point de vue marque une évolution, ne serait-ce que sur le plan de mon propre confort (dormir allongée à plat est quand même plus reposant que la tête dans le mur, calée tant bien que mal avec trois oreillers).

Mais "vue de l'extérieur", précisément, cette pratique dérange, quelle qu'en soit la raison (risque d'étouffement, ou surtout, risque "d'en faire un capricieux", un enfant gâté) : réactions semi-horrifiées de type "Il dort avec vous ????" (beurk c'est dégoutant !), prédictions catastrophiques ("oh mais c'est mauvais qu'il soit tout le temps sur vous, comment vous ferez quand il aura 18 ans ?"), et autres remarques en demi-teinte jonchent ces trois mois de cododo (néologisme français en traduction directe du co-sleeping anglais).
Malgré un certain flegme et une assez bonne imperméabilité à ce genre de remarques, un doute a fini par s'immiscer dans mon esprit : et si, effectivement, cette "pratique" (qui m'est venue le plus naturellement du monde, parce que j'étais à l'écoute de mon bébé et non de mes livres de puériculture) mettait en danger mon bébé ? Quelles séquelles - a priori graves - risquais-je de laisser à mon fils ?

D'où l'achat de ce livre*. Que je savais, plus ou moins, qu'il me rassurerait (ben oui, j'avais quand même lu la quatrième de couverture avant de l'acheter !) - sans cependant soupçonner à quel point il allait me conforter dans mes choix de maternage. On y apprend d'abord à quel point nos attentes en matière de sommeil de bébé sont irréalistes ; on y apprend ensuite que le cododo est une pratique universelle, répandue à travers le monde (et même dans des civilisations "développées" - oui, oui, parce que j'entends d'ici vos réflexions, que c'est une pratique de sauvages), y compris en France, mais on s'en cache !! On y apprend enfin les bénéfices du sommeil partagé, les différentes modalités de mise en œuvre et les réponses à faire aux réflexions désobligeantes les plus courantes... Et qu'à 18 ans, avec ou sans cododo, les enfants aspirent tous à la liberté !

Pour 4,90€, Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau nous livre avec efficacité des informations assez passionnantes sur le sommeil des bébés. C'est un ouvrage court (lu en 2 heures environ) qui ne se veut pas exhaustif mais qui apporte des réponses aux parents qui se sentiraient coupables de pratiquer le cododo avec leur enfant. Je serais tentée de le conseiller aussi à ceux qui sont a priori "contre" le cododo, pour les aider à accepter des pratiques qui ne sont ni meilleures ni plus mauvaises, mais seulement différentes de celles qu'ils ont eux-même adoptées (ou à celles qu'ils adopteraient) pour élever leurs enfants.

NDLR : ma fille aînée (6 ans 1/2), qui n'a JAMAIS bénéficié du sommeil partagé après les 5 jours passés à la maternité m'a réveillée toutes les nuits (et jusqu'à 5 ou 6 fois par nuit !) jusqu'à 5 ans passés (et ça lui arrive encore occasionnellement, comme cette nuit par exemple), a peur du noir et a une forte propension à être capricieuse... Sans chercher à faire des syllogismes, je me dis que le "résultat" ne peut pas être pire avec un enfant cododoté !

* Partager le sommeil de son enfant, Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau, éditions Jouvence, 2005.

6 commentaires:

BZH Matth a dit…

Je confirme, 2h de lecture grand maximum. Ça se lit facilement et on y apprend plein de choses notamment sur les coutumes étrangères. C'est bien référencé avec les sources citées (pour les sceptiques des études).

Arlette Jeurkin a dit…

Perso, je trouverais ça trop bizarre de dormir avec Mr Pioupiou pendant la nuit... Mais je suis heureuse quand son papa me l'apporte au lit le matin pour le premier repas, et qu'on peut faire un petit dodo ensemble quand il est parti !
Ce qui est super aussi, c'est de faire une sieste avec Mr Pioupiou dans la-grande-écharpe-qui-calme-instantanément (c'est miraculeux, même si c'est pas toujours facile à manipuler).

Mélanie a dit…

Coucou miss !!
Heureuse de te retrouver ici pour continuer à te lire avec beaucoup de plaisir :-)
Je dois dire que je suis plus sensible aux produits bio depuis la naissance de ma louloute, notamment avec la polémique sur le contenu des produits de la Boîte Rose distribuée dans les maternités.
Bref, je ne veux pas lui mettre n'importe quoi sur la figure ;-)

Cette histoire de cododo m'interpelle aussi, car j'ai entendu beaucoup de mamans dans mon entourage confier que leur bébé a du mal à faire la sièste autrement que sur elles.
J'ai moi aussi un "bébé-stratch" et c'est vrai qu'elle préférait s'endormir sur moi ou son papa au début.
... Mais, mais, arrive le terrible moment de la première séparation ! Pour moi c'était la crèche, alors qu'elle n'avait que 2 mois 1/2, c'était un peu rude ! Et malheureusement, les dames de la crèche, elles ne font pas le cododo, donc j'ai dû l'habituer à dormir comme une grande dans son petit lit.
Comment ça se passe pour toi ?

DdM a dit…

BZH Matth > Les sources montrent que l'auteure est bien documentée sur la question. Et ça permet un format de livre qui survole la question, tout en offrant la possibilité d'approfondir ses recherches.

DdM a dit…

Arlette Jeurkin > "Bizarre" ? Pourquoi ça ? Une nuit, c'est juste un peu plus long, mais ce n'est pas si différent d'une grasse mat' !
Et puis, le cododo, ce n'est pas nécessairement du bed sharing, ça peut être, plus simplement, du room sharing, histoire d'avoir toujours un oeil (et une oreille attentive) sur bb !
Quoi qu'il en soit, ce qui compte, c'est que le trio papa-maman-bébé y trouve son compte...

DdM a dit…

Mélanie > Heureuse de te retrouver ici aussi !
Par chez nous, plus de boîte rose de distribuée en maternité, et finalement, c'est mieux ainsi. Moi, je serais tentée de lancer une "boîte verte" avec échantillons de couches lavables et de produits bio :)

Pour en revenir au cododo, c'est vrai que je n'ai pas pris en considération ce point qu'est la reprise du travail... J'y ai pensé pourtant, Elliott venant de célébrer ses 12 semaines, ce qui sonne le glas d'un congé maternité en France. Congé rallongé lorsqu'il s'agit d'un troisième enfant... et que je rallonge encore en prenant 6 mois de plus. Alors oui, je triche, et je m'autorise, de fait, des libertés que je n'ai pas pu m'autoriser avec mes filles par exemple.
Si j'avais du reprendre le boulot la semaine dernière, c'est vrai que j'aurais sans doute obligé Elliott à faire ses siestes ailleurs que dans mes bras... Mais comme je me donne du temps, je lui en donne aussi, et nous ne nous en portons pas plus mal !
Dans ce même livre, l'auteure évoque une étude faite sur l'état d'achèvement du cerveau des mammifères à leur naissance (j'y reviendrai sans doute ultérieurement, en évoquant une autre de mes lectures), qui montre que finalement, un bb humain est un grand prématuré par rapport à ses congénères mammifères, malgré ses 9 mois de gestation. Et qu'il faut attendre qu'il ait un an pour qu'il soit "achevé" comme un poulain ou un girafon qui vient de naître. Autrement dit, pendant toute sa première année de vie, le bb humain devrait être en permanence avec sa mère pour lui laisser le temps de finir de se développer et d'arriver "à terme". Ce que l'on appelle maternage proximal semble avoir de grandes vertus sur le développement ultérieur des enfants ; dommage que la durée d'un congé maternité ne soit pas compatible avec ces données scientifiques, car la société s'en porterait mieux (adultes plus épanouis, globalement moins dépressifs, plus indépendants, etc).

Et j'ai envie d'ajouter : même quand on n'a pas pu ou pas eu envie de cododoter, ce bouquin peut s'avérer intéressant, ne serait-ce que pour avoir un aperçu des études qui ont été menées sur le sujet.

***

Un dernier point par rapport au maternage proximal : une mère vaut largement un incubateur pour un bb prématuré, et ça s'appelle la méthode kangourou. La méthode s'adresse à des nouveaux-nés ayant un poids de naissance inférieur à 2kg et aux prématurés nés à moins de 37 semaines de gestation (en Colombie, où la méthode a vu le jour, ce sont des préma de 30 à 37 semaines qui en ont bénéficié), stabilisés (c'est-à-dire ayant atteint leur autonomie respiratoire et capables de téter et déglutir de façon coordonnée) : la mère porte son bb, en contact direct avec sa peau, 24h/24... (le papa prend le relai pour que la maman dorme, car il faut être en position verticale !) La liste des avantages d'une telle méthode est longue : le bb a un rythme cardiaque plus stable, un rythme respiratoire plus régulier, une meilleure saturation en oxygène, des périodes de sommeil plus longues, une prise de poids plus rapide, et j'en passe ! Sans compter les bénéfices pour les parents, qui ne se sentent ni rejetés ni inutiles (au contraire !) et qui se remettent mieux et plus vite du "deuil" de séparation d'avec le bb en unité de soins intensifs...

(et moi, il a fallu que je coupe ma réponse en trois, car ça faisait trop de caractères pour Blogger !)